L’acteur·rice et la marionnette

Comédien.be vous propose 5 jours autour de la marionnette. Manipuler une marionnette, c’est ouvrir un champ de possibles, prendre un élan de liberté, observer un miroir de justesse. Être ici, maintenant. Pas ailleurs. Vivre l’absolu. C’est jouer sans forcer, en s’amusant. 

Cet atelier sera encadré par Jean Michel Distexhe, artiste créateur et pédagogue en art dramatique (spécificités marionnettes, théâtre d’objets et arts associés) au Conservatoire Royal de Bruxelles, Arts2, Erg.

Limité à 10 personnes, cet atelier prend place à Bruxelles pour 5 journées complètes, dès le 4 novembre.

Objectifs

Donner les bases de la manipulation de la marionnette portée. Explorer le potentiel créatif et les résolutions dramaturgiques que peut offrir la marionnette sur une scène.

Contenu et programme

Observer

Nous sommes fasciné·e·s par la marionnette, elle nous hypnotise. En un bref mouvement, elle devient vivante et présente. Nous sommes médusé·e·s par sa justesse et par la fluidité de ses mouvements. L’instant d’après elle meurt. Puis ressuscite. Peut-être. Peu importe. Elle est l’enfant et le vieillard. Le premier souffle de la vie et son dernier soupir.
La marionnette ne joue pas un rôle. Elle est ce qu’on veut qu’elle soit. Mais elle ne joue pas. La marionnette est toujours juste, au sens de « jeu dramatique », c’est à dire qu’elle n’est jamais en
représentation et ne souffre d’aucune affectation, comme un acteur ou une actrice pourrait en pâtir.
Il y a quelque chose d’animal dans la marionnette. Une menace omniprésente. « Une inquiétante
étrangeté » (Freud). Un flegme félin, une fragile innocence, une violence carnassière. Tout se côtoie et se transforme en un clin d’œil. Le cauchemar comme l’espoir.

Comprendre

Après avoir mesuré la présence et la puissance d’une marionnette, nous pouvons constater qu’elle est un merveilleux outil artistique et pédagogique. En analysant son comportement et les intentions qui habitent ce comportement, nous comprenons que le mouvement donne sens et vie à l’objet marionnette. Le langage d’une marionnette est avant tout technique. Il s’agit d’un langage corporel où tout est logique. Et si la marionnette est limitée dans ce langage, le contexte donnera le sens. Afin de laisser la marionnette s’émanciper librement, il est important de ne pas sacraliser la marionnette, de surmonter le sentimentalisme pouvant naître d’une relation entre la marionnette et son animateur ou son animatrice. Privilégier le conflit et la friction dans la narration. Car c’est ce qui fait le drame.

Éprouver

Prendre conscience. Le « ici et maintenant » est concret : on ne triche pas avec une marionnette partenaire, elle ne nous le permet pas. Pas question de se précipiter, d’anticiper, d’être volontariste. Mais attendre ce que la marionnette va nous « rendre » après qu’on lui ait « donné » et réagir alors à ce mouvement, à cette intention. Ce qu’on manipule nous incite à jouer, à rire, à pleurer, à transgresser.
L’imaginaire, cette délicieuse glissade vers un ailleurs, est attisée chez le spectateur qui peut reconnaître dans ces effigies ses envies, ses aspirations, ses craintes, ses désirs.. tandis que le·la manipulateur·rice s’évertue à donner vie à un bout de papier, un stylo, une poupée, une marionnette .. dans un jeu qui le décomplexe de toute intention parasite et se concentre sur l’essentiel.

Méthodes utilisées

• Présentation et partage des expériences. Qu’avez-vous comme souvenir de marionnettes ? Qu’avez-vous ressenti comme émotion ? Avez-vous déjà manipulé une marionnette ? Qu’est-ce qu’une marionnette ? Tentative de définition de la marionnette. Bref exposé historique de la marionnette.
• Lectures de littérature sur la marionnette. Recherches sur les structures et la symbolique de la marionnette. Ces lectures se feront chaque matin entre 9h30 et 10h30.
• Techniques de la marionnette, éprouvées à travers des exercices et des improvisations ciblés mettant en scène le·la marionnettiste en tant qu’acteur·rice et partenaire de la marionnette :
  > La concentration, où poser son regard ? Et celui de la marionnette ?
  > L’écoute et le rythme. Réagir à un conflit naissant entre la marionnette et son·sa manipulateur·rice, continuer à le faire progresser, sans forcer, prendre conscience que le mouvement crée l’intention.
  > Ne pas se disperser et s’épuiser dans le vécu/l’émotion de la marionnette. Faire confiance au masque de la marionnette et à sa présence.
  > Techniques de lipping (faire parler la marionnette). D’abord de manière primitive par des lectures de mode d’emploi, de lettres, de chiffres. Puis de textes en prose/en rimes, de poésies, de philosophies,…
  > Réflexions sur la « couleur » de la voix de la marionnette. Quelle voix pour quel personnage ? Comprendre le processus lent de la création d’une voix.
  > Découpage des mouvements. Importance de la technique dans les vécus émotionnels de la
  marionnette ou de son·sa animateur·rice. Garder une distance émotive nécessaire à la manipulation de la marionnette. Réflexions sur la sacralisation de la marionnette et sur la tentation à vouloir
  « domestiquer » la marionnette.
  > Questionnements sur l’importance de la respiration dans le mouvement et le phrasé d’une marionnette. Éprouver cette importance en jouant des scènes (écrites ou improvisées) avec des émotions exacerbées.
  > Comment se déplace une marionnette ? Tentatives de mouvements sur un espace scénique plus large. Questionnements sur le réalisme et l’abstraction.
  > Prendre conscience du pouvoir de la marionnette. Déplier techniquement son comportement félin et carnassier ainsi que sa capacité de persuasion.
  > Précision des mouvements (regards, tête, respirations) sur un texte, un dialogue. Écrire une partition d’une scène avec marionnette en traitant son langage corporel. Trouver l’essentialité du geste.
  > Éprouver la libération de la parole. Se rendre compte de la place et de l’importance de la technique pour libérer le jeu.
  > Capacité de la marionnette de passer d’une émotion à l’autre de manière fulgurante. Comment dessiner ce mouvement ? Comment l’absorber dans le jeu ?
  > L’innocence et la fragilité de la marionnette. Comprendre l’empathie qui habite le·la manipulateur·rice et le public. Réflexions dramaturgiques et philosophiques autour de cet état de fait.
  > Questionner la tolérance/l’indulgence d’un public face à la marionnette. Le rappel à l’enfance dont est souvent chargée la marionnette.

Ce canevas de développement de recherche autour de la manipulation de la marionnette sera entrecoupé de réflexions théoriques et de partages de ressentis quotidiens afin de développer un langage commun et pouvoir comprendre ce qu’il se passe quand on observe ou quand on manipule une marionnette. Comme un instrument de musique, la marionnette est un outil avec lequel il faut jouer afin de libérer tout le potentiel créatif, artistique et poétique qui l’habite.

Pré-requis

Cet atelier s’adresse aux professionnel·le·s, artistes du spectacle vivant, danseur·euse·s, circassien·ne·s, marionnettistes, mimes, performeur·euse·s, etc…

Adresse et horaires

Durée : 5 jours
Dates : du 4 au 8 novembre 2024, de 9h30 à 16h30
Lieu : KosmoStudio
rue Théodore Verhaegen – 1060 Bruxelles

Tarif

• Formation complètement prise en charge par le Fonds 304 pour les travailleur·euse·s actif·ve·s dans le secteur des arts de la scène (commission paritaire 304) en région wallonne ou bruxelloise, qui occupent actuellement un poste relevant de la CP 304 ou qui peuvent justifier de 30 jours de prestations auprès d’un ou plusieurs employeurs de la CP 304 ces 24 derniers mois. Vous êtes dans les conditions? Le Fonds 304 paie à votre place.
  
• 360€ pour tout autre participant·e.