Le rapport d’activité 2020
In memoriam
Philippe Schoonbrood, Président du Fonds, nous a quittés le 30 mai 2020.
Sa volonté aura été un élément déterminant dans le lancement du Fonds.
A propos de la gestion du fonds
- Nouvelle composition du Comité de gestion
Lors de sa réunion du 8 juillet, le Comité de gestion réorganise les mandats en son sein. Emmanuël Bonami (CNE) est désigné Président. Serge Rangoni et Céline Wiertz (FEAS) restent Vice-président et Trésorière. Stéphane Piron (SETCa) est nommé Secrétaire. Françoise Havelange et Laurent Fack (FEAS), ainsi que Philippe Samek (CNE) poursuivent leur mandat. Le banc syndical et complété lors du Comité de gestion du 10 septembre par la nomination de Frédéric Gibilaro (CGSP Culture).
La mandature de 4 ans se termine en mai 2022.
- Le Comité de gestions’est réuni à 9 reprises au cours de l’année 2020, aux dates suivantes :
- 3 février 2020
- 12 mars 2020
- 30 avril 2020
- 27 mai 2020
- 8 juillet 2020
- 10 septembre 2020
- 8 octobre 2020
- 12 novembre 2020
- 10 décembre 2020
- Le bilan comptable du Fonds
Les comptes annuels 2020 ont été contrôlés par le réviseur d’entreprises sur base du référentiel comptable applicable en Belgique. Le total du bilan s’élève à 1.124.282,80 € et le compte de résultats se solde au 31 décembre 2020 par un bénéfice de l’exercice de 601,13€ (127.944,35 € en 2019). Les bilan et comptes ainsi que l’attestation du réviseur sont joints à ce rapport.
A propos des actions du fonds
- Les conditions au soutien du Fonds
C’est en octobre 2019 que le Fonds a lancé sa première action, Konvertigo, qui proposait un accompagnement aux danseur·se·s et circassien·ne·s professionnels désireux·ses de prendre un temps pour réfléchir à leur carrière et éventuellement à une reconversion.
Pour ce faire, le Comité de gestion avait dû fixer les conditions d’accès au soutien du Fonds, et donc régler la question des travailleur·euse·s (surtout les artistes et les technicien·ne·s) qui multiplient les contrats de courte durée auprès de différents employeurs… et qui sont indisponibles pour prendre part à une formation lorsqu’ils/elles sont en train d’exécuter un de ces contrats. Le Comité de gestion a donc imaginé une formule où, sans disposer d’un contrat de travail (CDI ou CDD), le/la travailleur·euse qui peut faire état de 30 journées de prestation au cours des 24 derniers mois précédant sa demande, est éligible, tout comme ceux/celles, bien sûr, qui détiennent un contrat de type CDI ou CDD.
Le plan d’action du Fonds dont plusieurs volets devaient être mis en œuvre au cours de cette année 2020 prenait donc en compte ces conditions d’accès.
- Une année presque entièrement marquée par la pandémie
Le 13 mars, la Belgique, et bien plus, est entrée en lock down et est restée confinée, totalement ou partiellement tout le restant de l’année.
Certains secteurs ont plus souffert que d’autres, et cela a été le cas des arts du spectacle qui a été maintenu dans une inactivité totale, à l’exception de quelques semaines à la rentrée. Le secteur a ainsi été victime d’un réel traumatisme, d’autant que le régime de l’intermittence valant pour la plupart des artistes et de nombreux·ses technicien·ne·s a rendu difficile l’accès aux travailleur·euse·s des mécanismes d’aide imaginés par les pouvoirs publics.
Conséquence de cette inactivité, la dotation du Fonds a subi une sérieuse chute par rapport aux prévisions de l’ONSS.
Autre conséquence, sur les activités du Fonds : l’arrêt (et l’interdiction) des formations durant la majeure partie de l’année, ce qui a considérablement perturbé le lancement des actions du Fonds.
- Une action temporaire exceptionnelle de soutien à la formation à distance
Dans le même temps où le télétravail devenait une nouvelle manière de s’organiser professionnellement, sont apparues les visio-conférences et les activités en ligne se sont développées significativement. Dès avril, le Fonds a ainsi mis au point une action de soutien à la formation à distance. Avec des critères souples (thématiques de tout le plan d’action ainsi que celles liées à la crise covid), le Fonds proposait un remboursement plafonné à 500€ avec une intervention de base de 80€ pour une journée ou au minimum 6 heures.
Pour le calcul des prestations menant à l’éligibilité d’un·e travailleur·euse, il a aussi été convenu d’immuniser la période d’inactivité forcée liée aux conditions sanitaires.
Ce sont ainsi 33 travailleur·euse·s qui ont effectivement suivi une formation soutenue par le Fonds dans le cadre de ce programme, pour une intervention totale de 8.396,07€.
Parmi eux/elles, 17 étaient employé·e·s par une structure de la CP304 (pour 7 employeurs différents) dans les liens d’un CDI, 16 étant des intermittent·e·s (dont 11 artistes). Plus de 70% étaient des femmes (24). L’intervention du Fonds a été totale dans 63% des cas, elle s’est élevée en moyenne à un peu plus de 250€.
Même si cette action pourrait s’éteindre avec la possibilité de reprendre la formation en présentiel, elle a rencontré un succès certain, et contribué à une première image du Fonds auprès du secteur..
- Les formations générales et le catalogue Formapef
Le Comité de gestion du Fonds a aussi souhaité mettre à la disposition du secteur une sélection de modules figurant dans le catalogue Formapef bien connu des autres secteurs du non marchand francophone dont le Fonds se trouve à l’APEF. Evidemment, un grand nombre de celles-ci n’ont pu se tenir au vu des circonstances. Il est vrai d’ailleurs que les opérateurs habituels n’ont pas pu muter immédiatement leur produit en présentiel vers une formule à distance qui présentent les mêmes qualités.
5 travailleur·euse·s d’une même structure ont été les seul·e·s bénéficiaires du secteur et ont opté pour une formation en sécurité au travail, un des domaines du catalogue que le Fonds a décidé de rendre le plus accessible.
Parallèlement, c’est le catalogue lui-même qui a fait l’objet d’attention, puisqu’il a été décidé de le fusionner avec celui que l’asbl FeBi propose aux secteurs de ses Fonds. Lancement en 2021 !
- Les formations sectorielles
Le plan d’action du Fonds prévoit un large pan réservé aux formations sectorielles, c’est-à-dire aux formations construites par le secteur et plus particulièrement les Fédérations Professionnelles Représentatives (ex-ORUA). Un appel aux propositions avait ainsi été lancé et le Fonds entendait soutenir 10 formations organisées par 4 fédérations différentes. Malgré la volonté des acteurs, la décision de reporter la plupart d’entre elles a dû être prise.
Une seule formation a ainsi pu être organisée, à l’attention des technicien·ne·s, et avec un protocole rigoureux. Elle a par ailleurs regroupé 11 participant·e·s et était donc complète, un groupe constitué tant de technicien·ne·s intermittent·e·s que rattaché·e·s à une structure. Cette formation de 4 jours a fait l’objet d’un soutien complet du Fonds pour tou·te·s les participant·e·s, soit un budget de 2.555€.
Un nouvel appel d’offres a par ailleurs été lancé en vue de l’année 2021, intéressant deux nouvelles fédérations et portant à près de 20 le nombre de formations pouvant être développées en 2021 (les formations reconduites et les nouvellement sélectionnées).
- Les formations spécialisées
Ce volet du plan d’action se décline sur trois axes : Bien-être au travail, Travailler en collectif, Une corde de plus à son arc.
Pour le volet ‘bien-être’, il était prévu de soutenir une formation à la prévention de la souffrance du dos à l’attention des travailleur·euse·s administratif·ve·s et une autre à destination des technicien·ne·s. Elles n’ont pas pu être organisées. Par ailleurs, le Comité de gestion du Fonds a décidé de réfléchir à la prévention des risques psychosociaux sur base de l’outil ‘Guide du bien-être au travail’ produit par l’ABBET, dans le but de créer avec elle un format d’information (à convenir) à destination des responsables de structures et d’équipes du secteur.
Le volet ‘travailler en collectif’ visait à soutenir les structures et les équipes désireuses de mettre sur pied un accompagnement via l’intelligence collective pour explorer trois thèmes : réfléchir sa gouvernance, élaborer une charte éthique, élaborer un plan de formation. Ce programme est largement inspiré des réflexions de groupes de travail organisés dans le secteur. Un appel à candidatures a été lancé auprès d’une bonne vingtaine d’opérateurs divers et variés mais reconnus pour leur pratique de l’intelligence collective. Une sélection a été opérée par le Comité de gestion et 12 d’entre eux ont été retenus pour un total de plus de 30 propositions qui pourront être saisies en 2021.
Enfin, le volet ‘une corde de plus à son arc’ n’a pas fait l’objet d’un appel à candidatures cette année, contrairement à ce qui était espéré. Cette thématique visant à permettre tant aux artistes qu’aux technicien·ne·s ou aux administratif·ve·s à augmenter leur employabilité via l’acquisition de compétences connexes reste centrale pour le Fonds et fait d’ailleurs l’objet d’un nombre important de demandes adressées au responsable du Fonds. C’est aussi la plus difficile à mettre sur pieds, étant entendu la variété et le nombre de disciplines et d’opérateurs qui pourraient y trouver place.
- Le dispositif Konvertigo
Cette action, la première du Fonds, a donc débuté fin 2019, avec deux accompagnements qui se sont poursuivis début 2020, sans que d’autres candidatures ne viennent ensuite s’ajouter.
La réflexion s’est néanmoins poursuivie au sein du Fonds et avec le Comité d’accompagnement, composé d’expert·e·s des secteurs de la danse et du cirque, mis sur pieds à l’entame du projet. Des ajustements au programme et à la communication ont été opérés. Le Comité de gestion a également pris la décision d’ouvrir l’action à l’ensemble des artistes et technicien·ne·s, des besoins s’y faisant également sentir, peut-être renforcés par la situation d’inactivité.
Le Comité de gestion a également pris la décision de lancer en 2021 une action complémentaire à Konvertigo, à savoir le Bilan de compétences.
- Prévention primaire du burn out
Le Fonds a bénéficié d’une subvention de 24.000€ dans le cadre de l’appel lancé par le CNT pour des projets de prévention du burn out. Trois structures du secteur ont ainsi vécu un accompagnement de 18 à 60 heures et pris part à des groupes de travail pour élaborer des recommandations en la matière. Une expérience qui semble avoir été perçue très positivement et qui s’inscrit bien dans une des priorités que s’est donnée le Fonds, à savoir le bien-être au travail.
- Les dispositifs Competentia et Parcours professionnel
Le Fonds 304 a mis à disposition du secteur le dispositif Competentia, un service d’appui à gestion des compétences pour les responsables d’équipe, et son pendant dédié aux travailleur·euse·s, Parcours professionnel. Le premier propose un site internet, un service-conseil de première ligne ainsi que des ateliers. En 2020, son activité s’est fortement rétrécie, et aucune participation du secteur n’a été recensée pour le service-conseil ou les ateliers.
- Un outil statistique : lenonmarchand.be
Le secteur des arts de la scène occupe une place à part et est complexe même pour qui y évolue. La structure de l’emploi y est souvent fortement différente que dans des secteurs plus conventionnels, et rares sont les données disponibles pour illustrer sa situation. C’est sûrement une des raisons qui ont mené le Comité de gestion à entreprendre, via le CERSO, une étude statistique sur le secteur et son emploi. Ce travail s’est déroulé tout au long de l’année, avec de multiples échanges entre le chercheur et les responsables du Fonds réunis en groupe de travail. Cette étude qui sera disponible en 2021 a représenté un investissement important, dont les résultats seront attendus avec curiosité.
- Un outil au service des travailleur·euse·s intermittent·e·s du secteur : Dockers
La gestion des documents sociaux, pour de nombreux·ses travailleur·euse·s du secteur qui sont employé·e·s pour diverses prestations souvent limitées à une ou quelques journées, s’apparente souvent à un casse-tête, ceci d’ailleurs aussi pour leurs employeurs. C’est ce qui a poussé quelques jeunes issus du secteur à concevoir une plateforme qui aident les personnes concernées à gérer leurs documents sociaux et à leur donner des réponses concrètes à l’intérieur du droit belge. Cet outil serait gratuit pour ses utilisateur·rice·s travailleur·euse·s, mais nécessite un investissement de départ pour permettre son développement et sa mise en ligne. Intéressé par l’outil et le projet, le Fonds s’est engagé sous conditions à déposer un apport substantiel. La Fédération Wallonie-Bruxelles s’est ensuite également montrée partante et a apporté une subvention Loterie Nationale. L’année 2020 a été marquée par un accompagnement des protagonistes du projet afin de lui donner l’assise institutionnelle de nature à lui garantir un fonctionnement sain, et à conserver les objectifs fixés au départ. L’année 2021 verra le dénouement de cette phase de construction, et donc, si les conditions sont remplies, la concrétisation de l’engagement financier du Fonds dans le projet, mais aussi dans ses instances.
- La communication vers les bénéficiaires et l’identité du Fonds
Si les circonstances très particulières qui ont émaillé cette année 2020 expliquent grandement un volume d’activité qui n’est pas celui qui avait été prévu, le manque de notoriété du Fonds a sans doute aussi réduit ses possibilités de toucher sa cible. Avec une première action (à destination d’un public réduit), et un nouveau nom fin 2019, le Fonds partait de nulle part pour trouver le contact avec les travailleur·euse·s et les structures du secteur. Deux séances d’information (à Bruxelles et Liège) ont bien été organisées avec une participation intéressante et intéressée, une page facebook a été créée pour répercuter les actions du Fonds qui étaient également présentes sur la page du Fonds sur le site de l’APEF. Néanmoins, cette visibilité est restée insuffisante. Elle devait être complétée, entre autres, par la mise en ligne d’un site propre. Toute l’année 2020, un travail a été mis en place, qui n’aboutira que début 2021, pour créer un site attractif et fourmillant d’information à destination du secteur.
La notoriété du Fonds a également commencé à se construire à travers l’action de soutien à la formation à distance mais aussi aux contacts toujours plus nombreux que le responsable du Fonds a désormais avec les artistes, technicien·ne·s et administratif·ve·s, ainsi que leurs employeurs, actif·ve·s dans le secteur des arts de la scène, un monde qui a été complètement à l’arrêt durant l’année écoulée, permettant moins facilement le bouche-à-oreille et les échanges d’expérience.
Outre le développement d’actions de soutien à la formation, le Fonds 304 aura à cœur de continuer à développer sa visibilité pour atteindre le rôle central qu’il souhaite occuper dans la formation, l’information et l’accompagnement des métiers du spectacle.
Fait à Bruxelles, le 10 juin 2021