La question de la santé physique et mentale se pose souvent de manière brutale dans les parcours professionnels du secteur des arts de la scène, que ce soit suite à une blessure, à de la fatigue ou à des difficultés au cours d’une carrière. Ce sont des enjeux à la fois personnels et collectifs.
Le Fonds 304 et l’APEF vous invitent à venir partager vos expériences et réflexions autour de la santé dans les arts de la scène et à travailler à la prévention et à la sensibilisation des risques psychosociaux.
Ils mettent sur pieds un focus group d’un après-midi ouvert à toutes les personnes actives en Commission paritaire 304, responsables de structures, salarié·e·s de celles-ci, artistes ou technicien·ne·s...
Ce focus group a été préparé par Emilie Maquest, artiste et coordinatrice de l’asbl La Curieuse, sur base de la littérature produite en France autour des risques psychosociaux dans le secteur des arts de la scène.
Il sera animé par Harmony Glinne, consultante freelance en organisation, formatrice RH & Management, accompagnatrice du changement et praticienne certifiée MBTI.
Limité à 20 professionnel·le·s, il prend place le 2 octobre à Bruxelles.
De quoi parle-t-on ?
Lorsque l’on parle de risques psychosociaux (ou RPS) au travail, on parle de tout ce qui, dans un environnement de travail, peut provoquer du stress et du mal être.
Il s’agit de risques professionnels au même titre que des risques plus classiques (manutention…). Ces risques peuvent recouvrir différentes formes ; ils peuvent conduire à des situations problématiques et pathologiques (problèmes de sommeil, dépression, troubles musculo-squelettiques, maladies psychosomatiques, etc.).
La question des risques psychosociaux nécessite d’être pensée de manière globale puisqu’elle touche différents registres : le registre individuel avec la manifestation d’un mal-être, celui du travail, de ses modalités d’organisation et de management, celui de l’imaginaire organisationnel (c’est-à-dire des représentations que l’on se fait du métier, de son sens, de l’organisation, etc..) et d’un contexte plus global. Traiter un problème de RPS dans le secteur des arts de la scène implique de prendre en compte ces différents niveaux et de travailler sur les causes sous-jacentes et sur les contextes qui ont contribué à son émergence.
Parce que ces souffrances au travail se perpétuent parfois sans que personne en ait conscience, on les trouve ainsi « normales » ou faisant partie de nos métiers « hors cadre ».
Parler des RPS c’est se donner la possibilité de les identifier, déterminer quelles menaces spécifiques au secteur ils représentent, c’est sortir du déni. C’est permettre de concevoir une suite de démarches qui va de la prévention à la conception d’un cadre de travail pour une organisation juste et bienveillante à l’écoute de ses salarié·e·s.
L’intention
Pour Emilie Maquest, il apparait comme important de souligner que toute initiative visant à améliorer la santé physique et mentale des artistes doit être ancrée dans une perspective de durabilité de leur carrière artistique, et non subordonnée à une recherche effrénée de rentabilité.
L’intention principale doit être de préserver la vitalité et le bien-être des travailleurs et travailleuses de la scène, afin de garantir une contribution continue et significative à la richesse culturelle de notre société.
Si les formations sont essentielles pour renforcer la résilience et la santé mentale des travailleurs et travailleuses du secteur de la scène, il est tout aussi crucial que les institutions artistiques ou compagnies s’engagent activement dans cette démarche.
Les employé·e·s ou bénéficiaires de la CP304 ne devraient pas être seul·e·s responsables de leur bien-être psychologique, et il est nécessaire que les employeurs, les organismes gouvernementaux et les syndicats collaborent pour mettre en place des programmes de formations, des politiques de soutien et des environnements de travail favorables.
En combinant les efforts de tou·te·s les acteur·rice·s, nous pourrons mieux protéger la santé mentale et physique des travailleurs et travailleuses des arts de la scène et préserver la vitalité de cette industrie créative essentielle.
Les spécificités de notre secteur
Aborder la question des risques psychosociaux dans le spectacle vivant n’est pas une démarche évidente, c’est même quasiment une nouveauté*.
En effet, les salarié·e·s de la culture ont tendance à considérer qu’ils·elles travaillent dans un secteur privilégié (métier passion), et qu’à ce titre leurs conditions de travail passent après leurs idéaux.
Le secteur du spectacle vivant est caractérisé par une grande disparité en termes d’organisations de travail et une pluralité de statuts (au sein des équipes, mais aussi en fonction de la nature des organisations avec une fonction RH rarement formalisée). La polyvalence des métiers y a longtemps été la règle. Le secteur du spectacle vivant est également en prise avec les évolutions actuelles du monde du travail caractérisées par une plus grande précarité, une culture forte du résultat et une plus grande concurrence intersectorielle. Parallèlement, la fragilité structurelle propre à ce secteur est renforcée par une tendance à la baisse des financements publics.
Les risques psychosociaux sont favorisés par l’absence ou la mauvaise prise en compte de facteurs directement liés au travail ( par ex: rythmes de travail) ou de facteurs environnementaux. Comme par exemple les dimensions individuelles (formation, connaissance du travail, traits personnels, valeurs) et collectives (réalité des relations humaines dans la structure, présence du dialogue social, méthodes de management) qui sont des axes importants de la bonne santé au travail.
* En France, les enquêtes à ce sujet ont débuté en 2019, suite à des témoignages de harcèlements sexuels et psychologiques dans les écoles artistiques ou lors de productions théâtrales.
La question soumise au focus group
La question sur laquelle les participant·e·s seront amené·e·s à s’exprimer et à partager les expériences sera la suivante :
« Quelles conditions ou ressources vous semblent essentielles pour préserver votre bien-être physique et mental à long terme, compte tenu des exigences de votre métier dans les arts de la scène? »
Public cible
Toute personne, active auprès de structures de la CP 304 et éligible au soutien du Fonds, qui souhaite échanger sur la question des risques psychosociaux, voire à devenir acteur·rice de la prévention de ces RPS.
Adresse et horaires
Lundi 2 octobre 2023, de 13h30 à 16h30 à l’APEF, square Sainctelette 13-15 (9è étage), 1000 Bruxelles.
Tarif : gratuit
- Le coût de la formation est pris en charge par l’APEF dans le cadre de son projet de prévention des risques psychosociaux, un projet subsidié par le Service Public Fédéral Emploi, Travail et Concertation Sociale.
Il est donc gratuit pour les travailleur·euse·s actif·ve·s dans le secteur des arts de la scène (commission paritaire 304) en région wallonne ou bruxelloise.